lundi 17 janvier 2022

"Chanson" de Rigaud de Barbezieux

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Ainsi l'éléphant qui tombe

Ne se peut plus relever

A moins qu'autres à grands cris

Ne l'excitent de la voix,

Me voilà semblable à lui,


Car mon méfait est si grand et pesant

Que si la cour du Puy et braves gens

Et grands mérites des loyaux amants

Ne me relèvent, point n'en puis sortir.

Qu'ils daignent donc pour moi crier merci

Auprès de qui nulle raison ne vaut.

 

Si par faute d'amants vrais

Ne puis en joie retourner,

A jamais laisse les chants,

A néant je suis réduit

Et vivrai comme un reclus,

En triste solitude confiné,

 

Car ma vie est chagrine et misérable,

Et tout m'est dol et plaisir m'est douleur,

Et point ne suis à la manière d'ours

Qu'on peut battre et bafouer sans merci :

Il engraisse, profite et s'améliore.


Texte que j'ai trouvé dans un livre de Michel Debouchaud intitulé "Troubadours et premiers poètes en Sud-Ouest" paru aux Nouvelles Editions Debresse en 1984.


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